Maman, aujourd'hui je viens te dire au revoir une dernière fois, je ne suis pas venu seul, les gens pour qui tu comptais sont là eux aussi.
Tu as été une Fille, une Soeur, une Epouse, une Mère, une Tante, une Amie ou une Compagne...
C'est ce que tu as été pour nous tous et tu le resteras.


En digne représentante de la famille Thiébault, tu auras comme les autres mangé ta part de la ferme familiale, et tu te seras à de nombreuses reprises distinguée à l'occasion des innombrables "jaunes" que nous avions pour coutume de partager tous ensemble.
Une des choses qui te caractérisait le mieux Maman était le sourire que tu arborais quotidiennement.


Que ce soit un sourire empli de tendresse à l'attention de ceux que tu aimais (je ne crois pas mentir en affirmant qu'aujourd'hui les personnes présentes dans cette salle qui connaissaient Sylvaine ont toutes eu droit à un tel sourire), ou bien le sourire narquois d'un renard que tu réservais aux gens qui pouvaient se montrer méchants ou tout simplement imbéciles dans la vie de tous les jours.


Madame Nicole comme nous l'appelons entre nous, aime raconter comment tu te plaisais à faire perdre leur temps aux gens qui ralaient aux caisses du supermarché.
Tu la regardais et tu lui disais "y sont cons, viens on les laisse pas passer.".
Une autre facette de ta manière de vivre qui m'a profondément marqué Maman, c'est cette faculté de te lier aux gens qui t'entouraient et que tu appréciais. Tu les accueillais dans ta vie, ils y avaient leur place. Tu m'as fait entrevoir que la notion de famille pouvait être aussi étendue qu'on était capable de se l'imaginer.


C'est comme cela que Nicole est devenue ton amie la plus dévouée, et que si au départ nous n'étions que 3 garçons nous nous sommes rapidement retrouvé à 4.
C'est aussi de cette manière que tu as, je pense, rencontré ton dernier Amour, au détour d'une chorale. Même si je ne l'ai jamais vraiment exprimé, je suis heureux d'avoir grâce à toi rencontré Roland, Hélène, Mélodie et Anatole.


Tout au long de ton existence tu as fait preuve d'une énergie et d'une volonté peu communes dans tout ce que tu as entrepris, ou dans tout ce que tu as du affronter.
Deux exemples me viennent immédiatement à l'esprit pour illustrer ce propos.
Tu es devenue institutrice à 35 ans, en sortant 5ème du concours de l'Ecole Normale, et ce après avoir mis au monde et commencé à éduquer 3 garçons.
Si certains d'entre vous sont familiers de la série télévisé Malcolm, vous commencez à entrevoir le tour de force.


Pour les autres sachez seulement que ça n'a pas été facile tous les jours et qu'elle a dû se montrer véritablement motivée et inflexible face aux âneries dont nous étions capables et à la charge de travail qu'elle avait alors.
Et bien évidemment, ta volonté et ton énergie se sont manifestées quand tu es tombée malade.
Tu n'as rien laché, et tu as continué courageusement de lutter pendant presque 2 ans en espérant aller vivre à Laguépie
.
Sur la fin même les médecins ne comprenaient pas comment tu tenais Maman...
Ton énergie nous a permis de tenir et de préparer ton retour, jusque dans les derniers instants...
Cet acharnement que tu avais à vivre et à combattre ta maladie est pour nous, pour moi, une des leçons les plus importantes que tu nous aies délivrées.
Mais Maman, j'ai bien conscience que même si tu étais quelqu'un de très fort, tu ne pouvais t'empécher de te faire du souci pour nous. Je sais que l'idée de nous laisser te rongeais d'inquiétude.


Pour ma part je sais parce que tu me l'avais dit que tu étais ravie et soulagée que Mathilde et moi nous nous soyons trouvés, et je sais aussi Maman que tu n'as plus à t'inquiéter pour ça, notre oncle et notre tante ainsi que nos cousins et cousines ont tous répondu présents lorsque les moments difficiles sont arrivés.
Ils ont étés là pour toi et sont encore là pour nous.


Je commence tout juste à mener une vie que j'aurais voulu te faire partager, et je me dis que si j'ai hérité de ne serait-ce qu'un dixième de cette volonté et de cette énergie dont je parle depuis tout à l'heure, alors quoi qu'il arrive, je ne peux que m'en sortir.
Je t'aime Maman, tu me manques,
Au revoir Maman.

Bruno